Le télétravail – si vert que ça?
L’avènement du télétravail au Québec en 2020 a chamboulé de nombreuses habitudes bien ancrées dans notre quotidien : la course du matin pour la garderie, déglacer l’auto, la circulation, etc. Bien que le télétravail est une solution logique pour répondre aux problématiques de transport et pour lutter contre les changements climatiques, on peut se demander : avec du recul, est-ce si « vert » de télétravailler?
Le Transport
Il est évident qu’en télétravaillant, on réduit nos besoins en transport, et donc réduit nos émissions de gaz à effet de serre. Si vous habitez à 15 km du travail, vous émettiez près de 2 tonnes de CO2 pour vous déplacer en autosolo, ou 0,5 tonne de CO2 en autobus. En passant totalement au télétravail, vous avez économisé ce nombre de CO2… bravo!
L’empreinte numérique
Assez méconnue, l’empreinte écologique de la consommation de données en ligne est bel et bien réelle. Du CO2 est émis pour la consommation d’électricité et d’énergie pour les serveurs internationaux lors d’échange d’information via le web. En considérant le parcours des données et l’empreinte carbone de la consommation d’électricité, il est possible d’estimer à 0,6 kgCO2 / GB les émissions. Ainsi, si vous consommez 20 GB de données par mois pour vos courriels, vidéoconférences et transfert de données pour télétravailler, 0,15 tonne de CO2 seront émises par an. C’est peu, mais tout de même non négligeable!
Les effets collatéraux
Là où le bât blesse, c’est les « effets collatéraux » du télétravail. La tendance est claire : de plus en plus de gens s’installent en région, loin de leur lieu de travail. La ville de Montréal a eu un déficit de 35000 personnes en 2020 (1), témoins évidents de l’exode loin des centres urbains. Lorsqu’une famille passe de la ville à la région, la consommation augmente toujours : plus grosse maison, plus de voitures et de plus grosses voitures, augmentation des distances de transport local, etc. De plus, le télétravail à 100% ne restera pas toujours instauré : dans certains cas, quelques jours au bureau par semaine seront nécessaires. Tout ça, sans compter les effets sociaux et personnels que causent le télétravail à 100%.
L’impact carbone de ces changements d’habitudes est difficilement mesurable, toutefois, le potentiel d’augmentation des GES est assez grand pour annuler les gains associés aux transports.
Le verdict final
Le télétravail, est-ce nécessaire « vert »? Oui, mais dans certains cas seulement!
Si vous vous déplaciez en automobile pour aller au travail, le gain est assez évident. Toutefois, si l’on considère les « effets collatéraux » possibles du télétravail, les gains de certains pourraient être annulés par les choix des autres. L’important, c’est de continuer de faire des choix intelligents et de garder notre conscience environnementale!
(1) L’exode hors de Montréal et l’attraction des régions | Le Devoir